9 erreurs à éviter dans la signature d’un contrat d’édition

Ça y est, c’est maintenant ! C’est LE grand moment ! Une maison d’édition est intéressée par ton roman et t’envoie ce graal dont tant d’auteurs rêvent : un contrat d'édition. Tout excité, te voilà en train de parcourir ce document et ses annexes, et à mesure de la lecture, tu te rends compte qu’en plus de ne rien y comprendre, tu as l’étrange impression de céder ton âme à chaque phrase. Mais rassure-toi, c’est normal (mais pas de céder ton âme hein !). Le contrat d’édition est aussi réjouissant que terrifiant. Alors ne bâcle pas sa lecture, passe-s-y du temps, demande des conseils, fais le relire à un tiers. 

Surtout, évite de te retrouver lié par des conditions désavantageuses. Alors pour commencer voici déjà 9 erreurs à éviter lors de la signature d’un contrat d’édition, afin que ton aventure littéraire démarre sur de bonnes bases.

1. Ne pas lire attentivement le contrat

Cela peut paraître évident, mais dans l’excitation de la première publication, certains auteurs signent trop vite. Or, un contrat d’édition est un engagement juridique contraignant qui régit l’exploitation de ton œuvre.

👉 À éviter : parcourir rapidement le document ou se fier uniquement à la réputation de l’éditeur. Penser qu’il s’agit du même contrat pour tout le monde et ne pas se poser les bonnes questions
👉 Bonne pratique : lire chaque article attentivement, poser des questions en cas de doute et, si possible, demander conseil à un juriste spécialisé dans le droit d’auteur. Si tu ne sais pas par où commencer pour trouver conseil, contacte la SGDL qui possède un service juridique gratuit pour les auteurs adhérents, et payant (60€) pour les externes. Ils sont très réactifs et prendront le temps de t’expliquer chaque close et les pièges à éviter.

2. Céder tous ses droits sans limite

L’une des erreurs classiques est de céder tous les droits d’exploitation de son œuvre, sans restriction. Certains contrats incluent des droits numériques, audio, théâtraux ou cinématographiques, même si l’éditeur n’a pas l’intention de les exploiter.

👉 À éviter : céder « tous droits présents et futurs » de manière illimitée.
👉 Bonne pratique : limiter la cession aux droits nécessaires (édition papier et/ou numérique, selon l’accord). Pour les autres droits (adaptation cinéma, traduction, livre audio…), privilégiez une négociation séparée.

Encore une fois, il s’agit d’un conseil, car il est parfois difficile, surtout lorsqu’on parle avec une grande maison d’édition, de négocier cette adaptation séparée. N’aie pas peur d’essayer. Je ne l’ai pas fait pour mes premiers romans et je regrette sincèrement. 

3. Négliger la durée de cession des droits

Certains contrats prévoient une durée de cession excessivement longue, parfois supérieure à 20 ou 30 ans. Cela signifie que tu ne peux pas récupérer tes droits avant ce terme, même si l’éditeur ne diffuse plus activement ton livre.

👉 À éviter : accepter une durée de cession « pour toute la durée de la propriété intellectuelle » (soit 70 ans après ton décès !).
👉 Bonne pratique : négocier une durée plus raisonnable (10-15 ans), renouvelable par tacite reconduction seulement si le livre est effectivement exploité.

💡 Astuce : Cela peut également être un élément de négociation pour faire augmenter ses droits d’auteurs. Essayer de baisser la cession, et proposer à la place une augmentation des droits d’auteurs. Tout dépend de tes objectifs ! De plus, il est parfois possible de négocier avec la maison d’édition en second temps et récupérer certains droits, mais cela part du principe de bonne foi de la maison d’édition, ce qui est loin d’être évident.

4. Oublier la clause de reddition des comptes

La reddition des comptes est un élément clé : l’éditeur doit rendre compte des ventes et reverser les droits d’auteur correspondants. Sans cette clause, il est difficile de contrôler la transparence des chiffres.

👉 À éviter : signer un contrat sans précision sur la périodicité des relevés de ventes.
👉 Bonne pratique : exiger une reddition au moins annuelle (certains auteurs négocient un rapport semestriel). Cela permet de suivre l’évolution commerciale de son livre.

5. Accepter un à-valoir inexistant ou symbolique

L’à-valoir est une avance sur tes droits d’auteur, qui témoigne de l’investissement de l’éditeur dans ton projet. Certains contrats n’en prévoient pas, ou proposent un montant très faible, ce qui peut être un signe de manque d’engagement.

👉 À éviter : signer sans à-valoir dans le cadre d’une édition traditionnelle. Ou accepter un à-valoir inférieur à 1000 € (ce chiffre est à mettre en rapport avec le tirage prévu par la maison d’édition et la taille de la maison d’édition). Surtout, ne JAMAIS signer un contrat qui te demande d’avancer des frais ! À moins d’être dans le cadre de l’auto-édition, aucun auteur n’est censé avancer des frais dans le cadre d’un contrat d’édition avec une maison d’édition.

 👉 Bonne pratique : demander un à-valoir adapté à la notoriété de l’auteur et au potentiel du livre. Même modeste, il prouve que l’éditeur croit en ton œuvre (même si cela ne va pas dire que l’éditeur va engager des moyens de promotion de ton oeuvre)

6. Confondre édition traditionnelle et compte d’auteur

Je le mentionne ci-dessus, en disant qu’aucun auteur ne devrait signer un contrat l’obligeant à avancer des frais. En effet, nombreux sont les nouveaux auteurs qui tombent dans le piège des fausses maisons d’édition. En réalité, ces entités fonctionnent « à compte d’auteur ». Dans ce modèle, c’est l’écrivain qui paie pour être publié, sans véritable distribution ni promotion.

👉 À éviter : payer des frais de publication déguisés en « participation » ou « forfait technique ».
👉 Bonne pratique : se renseigner sur le mode de fonctionnement de l’éditeur. En édition traditionnelle, l’éditeur prend en charge les coûts (correction, mise en page, impression, diffusion).

7. Ne pas anticiper la fin du contrat

Un bon contrat prévoit aussi les conditions de résiliation. Que se passe-t-il si l’éditeur ne réédite pas ton roman, si les ventes s’arrêtent, ou si tu souhaites récupérer tes droits ?

👉 À éviter : un contrat qui ne mentionne aucune clause de sortie.
👉 Bonne pratique : s’assurer que le contrat précise les cas de résiliation (non-exploitation, faibles ventes, inactivité de l’éditeur). Ainsi, tu gardes la possibilité de republier ton œuvre ailleurs.

8. Négliger les clauses de rémunération des droits d’auteur

La rémunération d’un auteur repose généralement sur un pourcentage du prix public hors taxe de chaque exemplaire vendu. Ces pourcentages varient selon les formats et les paliers de ventes.

Par exemple, un contrat peut prévoir :

  • 8 % du prix HT pour les 5 000 premiers exemplaires vendus ;

  • 10 % entre 5 001 et 10 000 exemplaires ;

  • 12 % au-delà.

👉 À éviter : accepter des taux trop bas (certains éditeurs proposent 5 % sur le grand format, ce qui est très faible) ou des clauses floues qui ne précisent pas le support concerné (poche, ebook, livre audio).
👉 Bonne pratique : vérifier :

  • le taux appliqué à chaque format (grand format, poche, numérique, audio) ;

  • l’assiette de calcul (prix public HT et non prix net éditeur, ce qui change tout !) ;

  • la progressivité des pourcentages selon le nombre de ventes.

💡 Astuce : pour les livres numériques, les usages du secteur prévoient en général un taux supérieur à 20–25 % du prix public HT. En dessous, la clause est désavantageuse pour l’auteur.

9. Signer sans vérifier la clause de préférence

La clause de préférence engage l’auteur à proposer en priorité ses prochains manuscrits à l’éditeur avec qui il signe. Cela peut sembler logique si la collaboration se passe bien, mais cette clause peut devenir très contraignante.

👉 À éviter : accepter une clause trop large (par exemple, « tous les prochains romans » sans limite de durée ni de genre). Cela peut bloquer ta liberté créative et t’empêcher de travailler avec d’autres maisons d’édition.
👉 Bonne pratique : négocier une clause de préférence raisonnable, par exemple :

  • limitée à un ou deux prochains manuscrits seulement ;

  • limitée à un genre précis (roman contemporain, fantasy…) ;
    avec une durée de réponse fixée (exemple : 3 mois pour que l’éditeur donne sa décision).

💡 En étant limité à un nombre de manuscrit, si tu ne veux plus travailler avec un éditeur contraignant, tu peux faire comme Agatha Christie, et lui proposer de très mauvais manuscrits avant de claquer la porte avec panache. (Par contre, évite de réellement claquer la porte !! L’édition est un petit monde et une mauvaise réputation pourrait être fatale)

Bonnes pratiques générales avant de signer

En plus de ces 9 points d’attentions, voici quelques recommandations supplémentaires :

  • Comparer plusieurs éditeurs avant de signer.
    Se renseigner sur la réputation de la maison (témoignages d’auteurs, présence en librairie, distribution réelle).
    Prendre le temps : il vaut mieux retarder une publication que signer un mauvais contrat.

  • Se faire accompagner : certains syndicats d’auteurs (comme la SGDL en France) proposent des conseils juridiques.

Conclusion

Tu as désormais plus de cartes en main pour savoir par où commencer et pour signer ton contrat d’édition en connaissance de cause.En gardant ces points de vigilance à l’esprit, tu pourras publier ton roman dans les meilleures conditions et te concentrer sur l’essentiel : le plaisir de l’écriture.

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